John Hanke est l’une des stars de Google puisqu’il a notamment développé Google Earth. Aujourd’hui, il dirige le Niantic Labs, un laboratoire très secret créé par Google à l’écart de son siège. Très innovantes, ses premières applications Field Trip et Ingress encouragent l’utilisateur à revenir dans le monde réel.
Capital : Vous venez de lancer Field Trip, une application pour smartphone qui envoie des informations touristiques à l’utilisateur sur ce qui l’entoure. C’est une sorte d’audioguide de rue ?
John Hanke : On peut dire ça. L’idée est née à partir de Google Maps. J’adorais m’en servir au bureau, mais j’avais surtout envie de l’utiliser dans le monde réel, de bénéficier d’un service cartographique sans bouton à appuyer, sans avoir à lancer une appli. Bref, sans perdre tout ce temps qui vous coupe de la réalité autour. J’ai utilisé Field Trip en vacance en Israël récemment: je roulais vers Haïfa quand j’ai reçu une alerte m’encourageant à aller visiter les ruines submergées Atlit, juste à côté. C’était fascinant. Field Trip, c’est comme un bon copain qui vivrait sur place. Il vous raconterait l’histoire de la ville et vous donnerait les bonnes adresses pour dîner ou écouter de la musique. Après les Etats-Unis, nous lancerons Field Trip au Royaume-Uni rapidement. Mais la sortie en France ne tardera pas. En 2013 à coup sûr.
Capital : Votre deuxième produit, Ingress, est un jeu vidéo qui nécessite de se déplacer sur différents points géographiques. Là encore, le but est de revenir à la réalité ?
John Hanke : Tout à fait! J’ai créé ce jeu en pensant à mon fils adolescent, je voulais l’encourager à sortir et à découvrir ce qu’il y a autour de la maison. Ingress, c’est le premier jeu mondial géolocalisé basé sur le monde réel. Nous nous sommes beaucoup inspirés de l’univers du cinéaste J.J. Abrams (Star Trek, Cloverfield, Super 8). Les premiers retours sont excellents. Et nous ne touchons pas que les ados : comme les jeux vidéos traditionnels, Ingress séduit plus largement les 15-35 ans.
Capital : Vous avez créé le Niantic Labs à San Francisco, à l’écart du siège de Google à Mountain View. Pourquoi ce souci d’autonomie?
John Hanke : Nous voulons développer des produits que Google ne lancerait pas forcément, peut-être parce qu’ils ne sont pas assez grand public à première vue. Et nous voulons travailler de manière assez confidentielle, en prenant notre temps, sans que le reste du groupe nous pose des questions. Le but est d’amener nos projets à un certain niveau de maturité, avant de les présenter à Google pour qu’ils deviennent plus grand public. Twitter ou Foursquare n’étaient pas des outils évidents à leurs débuts. Ils ont connu le succès parce que leurs développeurs ont pris leur temps.
Propos recueillis par Gilles Tanguy