Global destiny. L’enfant du Belize, région reculée d’Amérique centrale, n’aurait jamais imaginé qu’en immigrant à 13 ans à New-York, il serait aussi vite propulsé rappeur, au sommet de la gloire à la fin des années 90. Son papa (qui n’est autre que Dean Barrow, l’actuel ministre des Finances du Belize) le traitant sans cesse d’ « indésirable ».
Après dix ans de prison pour avoir tenté de protéger Jennifer Lopez, Jamal Michael Barrow, plus connu sous le nom de Shyne a retrouvé le goût de vivre de puis 2010 en s’installant à Jérusalem, en Israël, dans le quartier haredi (ultra-orthodoxe) de Meah Sharim. Retour sur une un destin agité.
L’âge d’or
A 18 ans à peine, Shyne a très vite été prédestiné à marcher dans la droite lignée des rappeurs de l’âge d’or du rap comme Mobb Deep, 2Pac et NAS. Il est repéré en 1998 par un producteur de Brooklyn à New-York qui voit en lui une réincarnation de The Notorious B.I.G décédé un an plus tôt.Comme si le talent de Biggie avait infiltré les sens du jeune Shyne pour redorer le blason du rap new-yorkais.
En 1999, alors âgé de 19 ans, il atteint les feux de la rampe en signant sur le label de Puff Daddy. Mais tout s’effondre un soir de décembre de 1999. Ce soir là, Puff Daddy et sa fiancé de l’époque, Jennifer Lopez sont au Club New York, une boîte de nuit près de Times Square. Une bagarre éclate dans la soirée, après une altercation entre Puff Daddy et un client. Shyne sort une arme et tire plusieurs fois en l’air avant de s’enfuir.
Mais il est rapidement arrêté par la police. Il est alors jugé pour tentative de meurtre. Le 1er juin 2001, Shyne est condamné à dix ans en prison.
Appelez-moi Moses Michael Leviy
Tout va aller très vite. Son amour d’Israël, sa passion pour le mysticisme juif se mêlent à son activité musicale en prison. En 2006, il change de nom : le jeune Jamal s’appelle désormais M. Moses Michael Leviy, hommage aux origines juives de sa mère.
Il étudie le Talmud tout en purgeant sa peine d’une décennie. Eclairé par les histoires que lui racontait sa grand-mère sur son shtetl natal, il commence une phase de conversion à l’ombre du star system. Shyne raconte : «Je priais toujours le Dieu que ma grand-mère m’avait enseigné, le Dieu d’Abraham, d’Isaac, de Jacob, de Moïse, tous ces héros de la Bible». En août 2009, un juge de Manhattan signe la libération de Shyne pour octobre 2009.
Dès sa sortie de prison, ce noir Américain, fraîchement juif orthodoxe choisit de partir en Israël se rapprocher de ses « racines religieuses » et préparer son come-back.
Un rap de la Torah ?
Shyne étudie chaque jour à la Yeshiva (école talmudique) et se dit ravi de l’univers qui l’entoure qu’il décrit comme paisible, sain, joyeux, et à des années lumières de l’agressivité du show-business. Mais malgré son habit religieux hérité des ghettos juifs de l’Europe de l’Est du XIXème siècle, porté par les haredi en signe d’humilité, Shyne ne badine pas avec son image : il arbore fièrement Ray-Ban, montre en or et chaussures Christian Louboutin.
Shyne a fait le pari d’un style bien à lui : il rappe dans un mélange d’hébreu biblique et d’argot de Brooklyn. Mais sa musique reste nostalgique d’une jeunesse volée : «Je ne fais pas du rap de la Torah, j’aime Matisyahu (un chanteur de reggae juif orthodoxe). C’est un bon chanteur, mais moi je ne fais pas du rap hassidique, je parle toujours des gens pauvres de Brooklyn».
En janvier 2012, il téléphone à Puff Daddy et les deux compères se réconcilient. En juin, il enregistre son dernier tube au Kibboutz Ketura, au nord d’Eilat, intitulé « Solar Energy », en l’honneur du premier champ solaire commercial du Négev en Israël.
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