Hier après-midi, à l’Assemblée Nationale, Laurent Fabius a annoncé que la France voterait de manière favorable à l’octroi à la Palestine du statut de membre observateur à l’ONU. Je regrette cette décision car ce recours au vote, en contradiction avec les Accords d’Oslo, risque d’être contre-productif et surtout d’être perçu par le gouvernement israélien comme un ultimatum, qui réduirait à néant tout effort futur de négociations directes entre les parties.
Les mesures de rétorsion, qui pourraient être prises par le gouvernement israélien, entraîneraient une sévère détérioration de l’économie palestinienne avec pour résultat la désapprobation de la communauté internationale qui pourrait assimiler ces mesures à une punition collective. Il s’ensuivrait l’isolement d’Israël. Par ailleurs, le mécontentement de la population palestinienne appellera à une internationalisation des problèmes dont le seul bénéficiaire sera le Hamas. Un Hamas qui saura instrumentaliser ce mécontentement à son profit pour canaliser des actes de violence et s’assurer une victoire totale aux prochaines élections palestiniennes. Un Hamas généreusement approvisionné en armes et financé par l’Iran, un Hamas dont la Charte proclame toujours pour objectif principal « la destruction de l’Etat d’Israël ».
Je veux dire ici ma crainte que les fructueuses relations franco-israéliennes soient mises à bas et j’en appelle à tous leurs acteurs, au premier rang desquels les Français d’Israël, pour veiller à les conserver et continuer à les dynamiser. Je mets en garde contre toute utilisation politicienne de ce vote, car il est utile de rappeler que c’est le Président Sarkozy qui a conseillé l’an dernier cette démarche à Abou Mazen, le Président de l’Autorité palestinienne, et que ce vote s’inscrit dans le droit fil d’une politique étrangère française bien connue et réitérée à maintes reprises, comme le vote favorable de la France l’an dernier pour l’admission de la Palestine à l’UNESCO.
J’espère que le Président Abou Mazen tiendra l’engagement qu’il a pris de revenir à la table des négociations sans conditions préalables. Il est bon de souligner que seules des négociations directes entre les parties conduiront à une paix réelle et durable permettant à deux États, l’un israélien, l’autre palestinien, de vivre côte-à-côte dans la sécurité et de bâtir un avenir meilleur pour leurs populations respectives.
Daphna POZNANSKI-BENHAMOU
Députée des Français de l’étranger – 8ème circonscription
Membre de la Commission de la Défense et des Forces Armées
Membre de l’Assemblée Parlementaire de la Méditerranée