Adoptée par les députés, la contribution additionnelle de solidarité pour l’autonomie (CASA) est loin de faire l’unanimité.
« C’est une injustice fiscale de plus », claironne Marc Bader, le président de l’Union Nationale Interprofessionnelle des Retraités (UNIR) de la CFE-CGC. Le syndicaliste craint un nouveau tour de vis lors des futures négociations Agirc-Arrco.

Capital.fr : Si le projet de loi de finances de la Sécurité sociale est adopté en l’état par le Sénat, les retraités assujettis à la CSG au taux de 6,6% devront s’acquitter d’une contribution additionnelle de 0,30% mensuel sur leur pension de retraite, à partir de 1er avril 2013. Cet arbitrage vous paraît-il satisfaisant ?
Marc Bader : C’est une mesure totalement injuste. Pourquoi sur 16 millions de retraités, seuls 7,5 millions doivent payer ? Parmi les retraités imposables, ceux qui payent un taux réduit de CSG (3,8%) y échapperont (ndlr, ils sont 2,5 millions). Le problème est que nous arrivons à une aberration : après avoir cotisé toute notre carrière, nous allons encore cotiser pour financer nos propres retraites. Et nous serons tout autant impactés par les hausses d’impôts générales comme la redevance télé qui passe à 129 euros, le durcissement de la fiscalité pour les emplois à domicile, la fin de la majoration pour les retraités ayant 3 enfants… A force, c’est notre pouvoir d’achat qui est clairement menacé. Or, il faut savoir que le montant moyen des retraites tous régimes confondus ne s’élève qu’à un peu plus de 1.200 euros par mois. Et c’est sans compter une probable augmentation de la CSG de 6,6% à 7,5%.

Capital.fr : Les retraités ne sont cependant pas les seuls à être mis à contribution pour réduire le déficit…
Marc Bader : Nous avons bien conscience que les retraités doivent participer à l’effort de réduction du déficit. Mais nous exigeons que ces prélèvements soient clairement affectés au financement de la dépendance. Plutôt que de verser les 700 millions d’euros collectés chaque année grâce à cette contribution additionnelle au Fonds de Solidarité Vieillesse pour combler les déficits des caisses de retraite, nous préfèrerions qu’ils soient totalement alloués à la CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie) afin de financer la dépendance.

Capital.fr : Les partenaires sociaux doivent entamer des négociations, à partir du 22 novembre, pour faire face à la dégradation des comptes plus rapide que prévu des régimes complémentaires. Quelle est la position de la CFE-CGC ?
Marc Bader : Ces négociations s’annoncent houleuses, en particulier si elles s’appuient sur les mesures d’économie que viennent de nous transmettre l’Arrco et de l’Agirc. Dans ce document, les complémentaires envisagent de bloquer la revalorisation des pensions prévue au 1er avril. Elles proposent aussi d’augmenter la valeur du point de 3,5% sur 5 ans. Racheter des points coûtera donc plus cher aux futurs retraités. Autre chapitre qui risque d’affaiblir le revenu des veufs et veuves : le calcul de la pension de réversion devrait passer de 60% à 54% du revenu du conjoint décédé pour s’aligner sur le régime de base. Mais la proposition qui devrait semer la discorde est celle qui concerne les périodes de chômage. Celles-ci pourraient, en effet, n’être prises en compte dans le calcul du nombre de points, qu’une fois les cotisations dûment payées. Or, l’Unedic est très en retard sur ses paiements. Enfin, nous devrions acter la mensualisation des cotisations en 2014, afin de faciliter la gestion de la trésorerie des caisses complémentaires.

Propos recueillis par Sandrine Chauvin

© Capital.fr

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