La décision de Netanyahou d’organiser des élections anticipées au début de l’année de 2013 est lourde de conséquences.
Sur le plan intérieur, cette échéance risque d’être fatale à certaines personnalités politiques, qui pourraient disparaître de l’échiquier, comme Ehud Barak ou même certains ministres du Likoud, mais elle peut aussi être le début de la fin d’un parti comme Kadima, dont les sondages annoncent une perte probable de la moitié de ses mandats à la Knesset.
Il est clair aussi que de nouveaux acteurs vont apparaître sur la scène politique israélienne comme Yaïr Lapid, le fils de l’ancien dirigeant du parti centriste Chinouï.
On pourrait assister aussi au retour de certains leaders qui ont eu maille à partir avec la justice comme Ehud Olmert, Arie Dery ou Tzahi Hanegbi.
Sur le plan extérieur, les élections israéliennes ont bien entendu une relation étroite avec les élections américaines dont on connaitra les résultats dans un mois. Si Obama était réélu, il est fort à craindre qu’il essaie d’influencer le résultat des urnes en Israël, et l’on connaît sa profonde aversion pour Netanyahou. Les réseaux d’influence de la Maison Blanche en Israël seront mis en œuvre pour renforcer les adversaires de Netanyahou. En revanche, si Mitt Romney est élu, tout porte à croire qu’il préférera avoir une coalition de droite à la tête du cabinet israélien.
Mais il n’y a pas que les Américains qui peuvent peser sur les élections israéliennes, en modifiant son agenda.
Jusqu’à présent la question essentielle qui déterminait le vote des électeurs en Israël était liée à la politique étrangère et à la sécurité.
Au lendemain des contestations sociales des derniers mois, plusieurs partis d’opposition s’efforcent de mettre en avant la politique économique et sociale comme sujet de prédilection pour le prochain scrutin. Ce changement d’attitude dépend, bien entendu, de l’attitude des principaux ennemis de l’Etat d’Israël, l’Iran et ses alliés le Hezbollah et la Syrie, le Hamas et ses nouveaux amis en Egypte et au Qatar.
L’envoi d’un drone iranien par le Hezbollah, les tentatives d’infiltration et d’attentats par le Sinaï, les attaques de roquettes et de missiles à partir de la bande de Gaza ne sont pas des signes d’accalmie et il ne semble pas réaliste aujourd’hui de penser que les questions sécuritaires ne seront pas au cœur des débats pendant la campagne électorale.
Comme par le passé, l’agenda politique israélien risque d’être dicté par l’extérieur, avec les conséquences que l’on sait, c’est-à-dire premièrement la récupération des préoccupations sociales par les petits partis, religieux et non religieux, mais qui ne sont pas des formations ayant pour ambition de diriger le pays et deuxièmement la montée de partis sectoriels éphémères qui dégradent à chaque fois de plus en plus la vie politique israélienne et coûtent une fortune à l’État pour satisfaire les exigences de ces groupuscules souvent indispensables pour composer une coalition gouvernementale.
Le seul véritable enjeu serait un changement du système politique, mais il n’est pas à l’ordre du jour.
Michael Bar-Zvi
Chronique du 11 octobre 2012 – RadioJ Khak Heï Tichri 5773
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