Outre la sécurité de l’Etat et les questions économiques et sociales, s’il est un sujet, auparavant négligé, qui a pris de l’ampleur et qui devrait faire partie de la prochaine campagne électorale : c’est bien la question des immigrés clandestins.
Autrefois épargné par l’immigration clandestine économique, depuis plusieurs mois, Israël a pris le sujet en pleine face, qui a fait presque toutes les Unes des journaux – papiers, internet et télévisés. Si la question a un peu disparu depuis quelques semaines des tribunes éditoriales, c’est avant tout parce que le nombre de clandestins infiltrés, a fait une chute spectaculaire, passant de 1300 en septembre 2011, à 134 en septembre 2012. L’occasion pour Eli Yishaï, ministre de l’intérieur, de vanter son action.
C’est donc avec une certaine ironie que les médias israéliens ont présenté la visite du ministre sur le site du futur centre de détention pour les migrants africains, bien que la visite ait été prévue depuis plusieurs semaines, selon son camp.
Du haut d’une colline, Eli Yishai a donné un vrai discours de campagne sur la façon dont le Shas fera en sorte que les migrants africains illégaux, qui seraient plus de 60.000 aujourd’hui en Israël, seront une condition préalable pour leur participation à la prochaine coalition au pouvoir.
Selon le ministre de la Sécurité publique Yitzhak Aharonovitch, après l’achèvement de nouveaux centres de détention, le Service pénitentiaire d’Israël sera « prêt à absorber les infiltrés clandestins immédiatement. » Il aurait aujourd’hui achevé la construction de centres de détention d’une capacité pouvant contenir jusqu’à 2.000 migrants illégaux.
Yishaï a promis qu’Israël construirait plus d’installations de détention. Il y a quelques semaines, le gouvernement a mis en œuvre un plan de retour des clandestins venus du Sud-Soudan et de Côte d’Ivoire vers leur pays d’origine. Toutefois seuls ces deux pays ont signé des accords avec le ministère des Affaires étrangères, קא leurs ressortissants en Israël comptaient environ 3.000 personnes. En revanche, Eli Yishai avait précisé que les clandestins venus du Soudan du Nord (un pays ennemi d’Israël), seraient envoyés dans des centres de détention parce que le ministère des Affaires étrangères ne permettait pas leur expulsion vers leur pays d’origine. Il a déclaré néanmoins que les Érythréens et les Soudanais du nord ne constituaient pas des réfugiés et seraient encouragés à rentrer chez eux. Il a également proposé qu’il soit envoyé vers un pays tiers, sans préciser lequel.
« Le monde va faire du bruit et il y aura quelques critiques, mais je préfère un peu de bruit dans le monde et protéger le pays », a déclaré Yishai.
Accusé de faire de la récupération politique pour attirer les électeurs traditionnels du Likoud dans le sud de Tel-Aviv et ailleurs, un responsable proche d’Eli Yishai a affirmé qu’Yishai était le politicien à l’avant-garde de la question dès le début, et que son souci pour l’avenir démographique d’Israël dépassait de loin la politique, même s’il n’a pas nié que l’image d’Yishaï sur la question des clandestins africains pourrait faire gagner des points au Shas aux prochaines élections.
Misha Uzan – JForum / Correspondant spécial en Israël