Bien que l’Agence Juive ait des difficultés budgétaires et que les salaires de ses dirigeants aient été mis en cause, notamment par le journal « Haaretz », le gouvernement veut garder le cap de l’immigration juive, l’aliyah.

Les chiffres de l’aliyah en provenance de France ne sont pas au plus haut.

Alors que près de 3 000 Juifs français ont fait leur aliya en 2005, presqu’autant que d’Américains – alors qu’il y a 10 fois plus de Juifs américains que de Juifs français, les chiffres ont ensuite drastiquement diminué.

En 2006 ils étaient 2802 selon les chiffres du ministère de l’intégration, puis 2659 en 2007 et ils n’étaient plus que 2 000 Olim de France en 2008 et seulement 1 600 en 2010.

Autant dire que la tendance était à la baisse.

Et la tendance ne semble pas être repartie en 2011, malgré les 5.000 juifs qui ont visité le salon de l’aliya et que l’agence juive considère comme de potentiels olim.

Toutefois, avec près de 600.000 juifs en France, la France demeure un réservoir d’aliyah important.

Les causes de ces baisses sont nombreuses et elles nécessiteraient chacune de profondes analyses.

Si l’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy a eu pour conséquence de faire baisser l’aliya, certains l’attribuant à un sentiment de sécurité plus grand en France, l’explication reste incomplète.

Il faudrait en outre analyser précisément et statistiquement, si tant est que ce soit possible, l’influence du changement de président en France sur les olim potentiels.

Que se passera-t-il à présent avec l’arrivée de François Hollande et la recrudescence des actes antisémites ces dernières semaines ?

Mais peut-on réduire au seul sentiment de sécurité ou d’insécurité l’aliyah de France ?

Ce serait oublier les convictions profondes des candidats à l’aliyah et, en ce qui concerne les retours, qu’on estime généralement entre 20 et 30% (des chiffres très approximatifs, faute de données précises), ce serait négliger les difficultés que rencontrent les immigrants de France et d’ailleurs en Israël.

Le grand Rabbi de Loubavitch Menachem Mendel Schneerson, aurait dit un jour que le Machiah (Messie) viendrait lorsque les juifs de France feraient leur aliyah en masse.

Il savait sans doute que ce ne serait pas pour demain.

De son côté, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré que « l’aliyah en Israël de n’importe où dans le monde est un objectif central du gouvernement. »

Pour ce faire, le gouvernement a approuvé en début de semaine 40 millions de shekels supplémentaires pour des projets favorisant l’aliyah et l’intégration des immigrants.

Dans ce cadre, le gouvernement, en collaboration avec l’Agence juive, veut renforcer les bourses d’étudiants nouveaux immigrants.

Ces dernières années, 6500 étudiants nouveaux immigrants ont reçu des bourses d’étude, dont environ un tiers d’origine éthiopienne.

Le gouvernement, a également voté unanimement en début de semaine en faveur d’une augmentation du taux de Falachmuras en Israël.

Conformément à cette décision, 2200 Falashmuras devraient arriver en Israël jusqu’à avril 2014.

Falash Mura est le nom donné aux Ethiopiens qui se sont convertis au christianisme sous la pression des missions chrétiennes au cours des 19e et 20e siècles.

On pourrait les comparer aux conversos ou marranes de l’Espagne du 15e siècle.

Beaucoup de Juifs éthiopiens dont les ancêtres se sont convertis au christianisme sont revenus à la pratique du judaïsme ces trente dernières années.

Le gouvernement israélien a reconnu l’an dernier leur droit à la citoyenneté.

Leur arrivée s’est accélérée ces derniers mois et il s’agirait à présent des derniers Juifs d’Ethiopie.

Ces Falashmuras viendraient équilibrer pour un an ou deux des chiffres de l’aliya en baisse.

Mais c’est ailleurs que le gouvernement doit se tourner s’il veut renouveler l’expérience de l’aliyah de masse, telle que celle provenant des anciennes républiques soviétiques dans les années 90.

Misha Uzan (correspondant spécial)/ JForum

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