Selon un article paru dans « La Tribune » le principal actionnaire de Numericable, Patrick Drahi, participe au lancement d’une chaîne en français dont la mission est de « montrer le vrai visage d’Israël » et qui sera diffusée en France. Son associé Haïm Slutzky a en fait racheté l’infrastructure de la chaîne Guysen TV.
Les ambitions de Patrick Drahi en Israël ne semblent pas avoir de limites. L’homme d’affaires, principal actionnaire de Numericable en France (via Altice), est déjà opérateur de télécoms en Israël et va participer au lancement d’une chaîne d’information en continu sur le modèle d’Al-Jazira. Les programmes seront réalisés en Israël et diffusés en français vers l’Europe ; une version anglaise est prévue dans un deuxième temps pour le marché nord-américain. L’objectif de l’opération : « montrer le vrai visage d’Israël au monde, sans être un instrument de propagande ». Patrick Drahi est déjà bien implanté en Israël depuis trois ans. Son « empire » comprend Hot, un des deux réseaux de chaînes câblées, ainsi que Hot Mobile, un opérateur de téléphonie mobile. Les deux sociétés sont gérées par une holding baptisée Cool. Mais pour se lancer dans cette nouvelle aventure, Patrick Drahi avance avec prudence : officiellement, le propriétaire de la chaîne sera Haïm Slutzky, patron d’une société de production qui travaille notamment pour une des chaînes diffusées par Hot. Patrick Drahi ne sera associé qu’aux éventuels profits.
« Les motivations sionistes sincères » de Patrick Drahi
La nouvelle télévision utilisera les infrastructures de la chaîne câblée franco-israélienne Guysen TV, rachetée par Haïm Slutzky. Officiellement la nouvelle offre n’aura ainsi pas de lien direct avec Hot.
Sur le plan politique, Haïm Slutzky assure que la chaîne aura pour but de « montrer au monde qu’Israël est un pays vivant, moderne, avec ses jeunes, ses cafés, ses plages, son style de vie très loin d’un pays en guerre où des chanteurs et artistes étrangers ne viennent pas en raison du refus des compagnies d’assurances de les couvrir ». La chaîne, dont ni la date de lancement ni le nom n’ont été révélés pour le moment, « ne dépendra en aucune façon du gouvernement israélien, nous préserverons notre indépendance » a assuré Haïm Slutzky. Patrick Drahi, qui cultive une grande discrétion vis-à-vis des médias, agirait à titre personnel pour « des motivations sionistes sincères afin de d’améliorer l’image d’Israël», selon des proches. L’homme d’affaires pourrait également miser sur son alliance avec le plus important groupe médiatique israélien contrôlé par Arnon Mozes, propriétaire du quotidien le plus lu, le « Yediot Aharonot », et du premier site d’informations sur Internet, Ynet. Arnon Moses détient une part minoritaire dans le capital de Hot.
Seule ombre de taille dans ce tableau : Patrick Drahi risque de connaître des mois difficiles dans le marché des télécoms sur lequel il misait. Il doit notamment faire face à la concurrence de Michaël Golan, l’ex-DG d’Iliad, la maison mère de Free, qui s’appelait alors Michaël Boukobza. Après l’avoir aidé à prendre le contrôle de Hot, Michaël Golan est devenu un adversaire en créant un opérateur mobile, Golan Telecom, avec le soutien de Xavier Niel, sur le modèle de Free, en cassant les prix.