Une nouvelle chaîne d’information internationale a été lancée officiellement le 21 septembre 2011. Sa particularité : elle se définit comme « chaîne juive » et souhaite devenir un contrepoids à Al Jazeera.
Le nouveau canal, baptisé Jewish News 1 (JN1), entend diffuser en continu des informations relatives au monde juif, sur des questions pouvant être culturelles, économiques ou sociétales, entre autres. Il s’agit également d’offrir une nouvelle lecture de l’actualité mondiale, en privilégiant un point de vue pro-israélien, qui viendrait proposer une alternative aux analyses mises en avant par d’autres chaînes d’information internationales comme la BBC, CNN, Sky News, Fox News ou, plus particulièrement, la version anglaise de la chaîne arabe Al Jazeera. Alexander Zanzer, rédacteur en chef de Jewish News 1, a précisé à la pressequ’il ne s’agissait pas pour autant de mettre en place une « chaîne de propagande », mais simplement de combattre les points de vue biaisés sur la situation au Proche-Orient. Si l’idée est bel et bien de véhiculer une « image positive d’Israël et de la diaspora juive », JN1 ne devrait pas faire l’impasse sur les jugements négatifs que pourraient susciter des décisions du gouvernement de Benjamin Netanyahu, par exemple. La chaîne se veut officiellement libre de tout lien à un parti politique et entend fonctionner selon les principes de la liberté de la presse. Alexander Zanzer a affirmé qu’il s’agirait de « traiter tout sujet digne d’intérêt » et a résumé la ligne éditoriale de JN1 en termes simples : elle est « avant tout une chaîne juive, qui offre des actualités impliquant la communauté juive et qui traite de sujets qui intéressent directement les Juifs ». Le rédacteur en chef de JN1 a confirmé que, par la force des choses, « une large partie des sujets se [concentrerait] sur Israël ».
Les sommes investies pour le lancement de Jewish News 1 ont permis d’installer quelques premiers bureaux dans le monde : outre le siège et un studio principal installés à Bruxelles, JN1 dispose d’ores et déjà d’un studio à Tel-Aviv (point d’ancrage en Israël) et d’un autre à Kiev (lieu de résidence des propriétaires de la chaîne). Est prévue l’ouverture, dans les prochains mois, de studios à Washington, à Paris et à Londres. Pour l’heure, seuls douze correspondants, répartis dans six pays, ont été recrutés par la chaîne. Selon la revue en ligne Alliance, qui s’adresse à la communauté juive, l’appartenance à la confession juive n’est pas une condition de recrutement : une des correspondantes de la première équipe serait musulmane d’origine pakistanaise. Pour sa première phase d’existence, JN1 est disponible, via satellite, au Moyen-Orient et en Europe. En Israël, le relais satellite a été confié à l’opérateur de télévision câblée Yes, tandis que la couverture de la zone européenne est assurée par le satellite Astra. L’Amérique du Nord devait également faire partie des zones couvertes au 21 septembre. Quelques retards ont cependant été pris dans les négociations avec les opérateurs câble et satellite américains, selon les déclarations d’Alexander Zanzer auNew York Post. Il faudra encore donc attendre quelques semaines, voire quelques mois, pour voir JN1 faire son apparition aux États-Unis. Ce changement de calendrier, de même que la mobilisation de moyens limités pour le lancement de la chaîne (3 bureaux, 12 correspondants), peuvent donner l’impression d’un lancement un peu précipité. Selon le Jerusalem Post, un autre projet de télévision juive, à dimension internationale, était en préparation : Alexander Mashkevich, président du Congrès juif Euro-Asie, avait annoncé en avril 2011, lors de la clôture de la conférence annuelle de United Israel Appeal[+], son projet de compléter le paysage des chaînes d’information internationales avec un canal destiné à combattre les « fausses allégations dont souffre Israël dans les médias » et à valoriser la culture juive. Alexander Mashkevich avait avancé un lancement possible en 2012. Pour le Jerusalem Post, c’est donc une bataille entre oligarques juifs (deux magnats du gaz et du pétrole d’un côté, une fortune du secteur minier – Alexander Mashkevich – de l’autre) qui s’est engagée, Igor Kolomoisky et Vadim Rabinovich ayant préféré prendre les devants en lançant leur chaîne avec des outils de travail limités.