L’ancien Premier ministre israélien de droite Yitzhak Shamir est décédé à l’âge de 96 ans, a annoncé samedi le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu dans un communiqué. |Jennifer Law
C’est le bureau du Premier ministre qui a annoncé la nouvelle dans un communiqué samedi en début de soirée : l’ancien Premier ministre israélien de droite Yitzhak Shamir est décédé à l’âge de 96 ans.
«Yitzhak Shamir nous a quitté», a indiqué le communiqué.
Yizthak Shamir, qui s’était retiré de la vie politique, souffrait depuis plusieurs années de la maladie d’Alzheimer.
Il était l’un des leaders historiques de la droite nationaliste israélienne fidèle jusqu’au bout au dogme du « Grand Israël ».
Durant toute sa vie politique, Yitzhak Shamir s’est opposé à des concessions territoriales israéliennes au profit des Palestiniens aussi bien en Cisjordanie, que dans la bande de Gaza où à Jérusalem-Est.
Pour lui, toutes ces régions conquises lors de la guerre de juin 1967 font partie intégrante d' »Eretz Israël » (la Terre d’Israël) sur laquelle aucune concession n’est possible.
Il s’est forgé cette idéologie nationaliste au sein des groupes armés juifs clandestins dans la Palestine sous mandat britannique avant de venir sur le tard en politique, en 1970, à l’appel de l’ancien Premier ministre Menahem Begin, lui aussi une grande figure de la droite nationaliste.
Au lendemain de la création de l’Etat d’Israël en 1948, il reste un homme de l’ombre, passant de la clandestinité au Mossad, le service de renseignements.
Yitzhak Shamir est né en 1915 à Rojino (Pologne). C’est à Varsovie, où il vient faire des études de droit, qu’il adhère au Beitar, le mouvement de jeunesse paramilitaire crée par Vladimir Zeev Jabotinsky, père du sionisme révisionniste, un mouvement nationaliste.
Arrivé en 1935 en Palestine, il laisse derrière lui sa famille qui disparaîtra dans la tourmente nazie. Une tragédie qui le marquera profondément alors qu’il rejoint l’Irgoun, puis le groupe Stern considéré comme un « gang terroriste » par les Britanniques et dont les attentats vaudront la pendaison à plusieurs de ses membres.
Arrêté à deux reprises par les Britanniques, il réussira à s’évader notamment d’une prison en Erythrée d’où il gagnera Djibouti, Paris puis Israël au lendemain de sa création.
En 1973, il est élu député sur la liste du Hérout, un parti de droite qui formera l’ossature du Likoud sous la direction de Menahem Begin, dont il est le fidèle lieutenant. C’est en 1977, alors qu’il accueille à la Knesset le président égyptien Anouar al-Sadate, en tant que président du Parlement, qu’il apparaît pour la première fois sous les projecteurs.
Mais il se signalera alors par son abstention au cours du vote historique du Parlement entérinant les accords de Camp David qui conduiront à la signature du traité de paix israélo-égyptien en 1979.
En 1980, il assure les fonctions de chef de la diplomatie, puis succédera à Menahem Begin à la tête du gouvernement Likoud en 1983 après la démission de ce dernier alors que l’armée israélienne est embourbée au Liban à la suite d’une opération militaire controversée, lancée en juin 1982.
En 1984, un gouvernement d’union nationale est formé dont Shimon Peres pour les travaillistes et Yitzhak Shamir au nom du Likoud assureront successivement la direction suite à un accord de rotation jusqu’en 1988.
Il dirigera à nouveau le cabinet de 1988 à 1992 à la tête d’un gouvernement de droite. Durant ce mandat, il acceptera à contrecoeur, sous la pression des Etats-Unis, de ne pas riposter aux frappes de missiles irakiens tirés vers Israël durant la première guerre du Golfe.
En octobre 1991, il fera sa dernière apparition sur la scène internationale avec la conférence de Madrid à laquelle il a accepté de participer et qui donne le coup d’envoi à des négociations de paix au Proche-Orient. Mais cette décision qu’il a prise à contre-coeur a provoqué la démission des partis d’extrême droite de la majorité et la chute de son gouvernement.
Il devient simple député du Likoud après la défaite de ce parti aux élections législatives de 1992, remportées par les travaillistes. Dans l’opposition, il s’oppose aux accords d’Oslo en 1993 sur l’autonomie palestinienne puis se retire définitivement de la vie politique en 1996.
Ces dernières années, ses enfants avaient indiqué qu’il souffrait de la maladie d’Alzheimer. Il vivait dans une maison de retraite au nord de Tel-Aviv jusqu’à son décès.
LeParisien.fr